15 Mars 2016
La première étape de voyage dans le "Red Centre" est Coober Pedy.
Nous sommes partis d'Adelaïde un peu tard (le temps de faire des courses et d'acheter une seconde liseuse : c'est fou ce que nos petits Français peuvent lire en voyage); bref on est partis vers 12H30 et comme on n'avait plus le temps de faire la route d'une seule traite, on a fait escale dans une rest area, c'est-à-dire sur un parking immense d'une road house. Un road house, c'est une station service qui fait snack, épicerie, bar et centre d'informations... tout ça en même temps ! Il faut dire qu'il n'y a rien d'autre des kms et des kms à la ronde.
On avait beau être dans un quasi-désert, il pleuvait... "Franchement, c'est n'importe quoi ce désert australien !!! C'est pas possible, on est dans le désert et il pleut, vous vous rendez compte ? On n'a pas de bol quand même !" (dixit Diego à peu près une centaine de fois...)
Les paysages à perte de vue, sont sublimes, incroyablement sauvages et changeants au fil des kilomètres : on ne se lasse pas de les contempler. "Oh!! Regardez comme c'est beau!!! (dixit Titane un milliers de fois...)
Photos de la route : les arbres se font rares mais on trouve des trous d'eau, on a même vu un lac rose
Et voici la fameuse rest area sur laquelle nous avons dormi : une vue hyper dégagée ... derrière les barrières
On a encore roulé toute la matinée avant d'arriver à Coober Pedy.
5Coober Pedy est une ville d'environ 2000 habitants qui a trois particularités notables :
- c'est la capitale mondiale de l'extraction d'opale
- c'est une ville troglodyte.
- c'est une ville en plein désert
Pour les curieux, Voici le lien vers la page wikipedia
Le mélange des trois en fait un endroit étrange, surréaliste : le plus étonnant qu'on n'ait jamais visité.
Pour Titane, "ce lieu met mal à l'aise, c'est à la fois affreux et fascinant". Loup en dit que "c'est une endroit désolé" et Jane "c'est bizarre parce que il y a des trous partout, parce qu'on cherche des opales". Quant à Diego, il reste secret sur ses impressions !
Avant d'envoyer les photos, il faut savoir que cette ville est née suite à la ruée vers l'opale qui a début dans les années 1830. Avant qu'on en trouve en Australie, on en trouvait dans des régions perdues d'Europe. Au début du XIXème siècle, on a découvert des opales de très bonne qualité dans plusieurs endroits en Australie et surtout à Coober Pedy. Aujourd'hui 80% de la production mondiale provient de cet endroit.
Et comment trouve-t-on des opales?
On fait un trou puis on creuse et on cherche. Quand on a un peu de chance, on voit des indications dans la roche comme des lignes brunâtres, alors on creuse entre ces lignes jusqu'à trouver les fameuses opales. Avant, évidemment, on faisait tout à la pelle et la pioche, alors qu'aujourd"hui, les mineurs de Coober Pedy ont développé une technique qu'ils semblent tous utiliser :
Ils creusent un trou avec une foreuse. Puis ils amènent une "tunnelling machine" qui est un engin électrique qui creuse la roche dans le trou. Afin d'évacuer la roche concassée, ils utilisent des aspirateurs géants montés sur des camions (invention du coin). Enfin, quand ils voient les signes, ils finissent avec des outils manuels. Si vous me demandez s'il y a beaucoup de carrières, voici quelques photos en guise de réponse :
On ne voit pas les carrières mais les monticules de roches concassées à côté. Il y en a des milliers : toute la ville est truffée de trous et il y en a d'autres sur plus de 50 km autour de cette ville.
La seconde chose incroyable, c'est le côté troglodyte. Quand les premiers mineurs sont arrivés, ils vivaient dans leur mines. Ils en ont fait leur foyer. Les avantages étaient :
- ils gardaient leur mine et donc ne se la faisait pas piquer!
- ils étaient à l'abri de la chaleur ou du froid (la température peut aller jusqu'à 55° l'été et descend en dessous de 0° l'hiver...)
- ils n'avaient pas à trouver des matériaux pour construire une maison (il faut pas oublier qu'on est à des centaines et des centaines de kms du 1er bled, alors pas évident de ce faire apporter le matos à dos de chameaux...)
Nous pensions que ce côté pitoresque à souhait était un vestige du passé : pas du tout ! A l'heure actuelle, 70% de la population vit dans des maisons creusées dans la roche. Soit ce sont d'anciennes mines, soit ils ont rasé un côté d'une colline puis fait creuser la roche afin d'avoir le nombre et la taille des pièces voulues. Avantages : c'est facile, c'est rapide, c'est moins cher, température autour des 20° garantie toute l'année, calme absolue.
A quoi cela ressemble ?
Voici la reconstitution d'une mine/habitation en 18xx (?) : c'est creusé à la main (enfin, à la pioche ...:)
Et voici une maison témoin creusée à la machine. La chambre a été creusée à la main. Il y a des encoches dans les murs aux endroits où ont été découverts des opales. Comme vous pouvez voir, les pièces sont immenses !
Maintenant à quoi ressemble la ville?
Elle est en quasi désert : il n'y a pas d'arbre et pas d'herbe : c'est une ville de sable et de poussière, émaillée de trous et de monticules et soupoudrée de quelques bâtiments publiques, magasins et maisons. Le tout sous un soleil de plomb. En plus il y a beaucoup d'oeuvres d'art assez décalées...Résultat Mad max (Mel Gibson est australien : tout est lié).
A vous de juger et de nous donner vos impressions :
Chaque pièce enterrée a un conduit de ventilation qui dépasse de la surface comme une petite cheminée
Et la ville est remplie d'épaves de voitures ou comme sur les photos d'engins d'extraction ...
...entre art, humour et ... décharge : un mélange de malaise et de fascination propre à l'art contemporain
On a aussi le concept de maison semi enterrée : les premières pièces ont la lumière du jour mais celles du fond sont en mode caverne
On a dormi à Riba's Campground (deux nuits) qui est le seul camping underground (avec une tente on peut dormir dans une ancienne mine).
Comme nos tentes sont sur le toit, on a dormi sous les étoiles (comme d'hab). Le camping presque vide était aussi désolé que le reste de la ville. C'était tellement surréaliste que Diego a dû monter la garde autour de notre véhicule de guerre prêt à le défendre au cas où Immortan Joe se pointait.
Voici quelques vues de notre camping :
Le deuxième jour, nous avons tenté notre chance et espérions faire fortune en trouvant des opales, mais après 2 heures de recherche active sous un soleil de plomb, nous sommes repartis bredouille...
Nous avons ensuite visité des églises underground. C'était très impressionnant de voir ça. Pour l'une d'elle, on a eu la chance de rencontrer le pasteur qui nous a fait visiter toutes les salles autour de l'église. On était bien, sans mouche et un peu au frais....
Enfin deux choses décevantes :
D'abord les mouches: elles nous tournaient autour du lever au coucher du soleil. Mais rien à voir avec les mouches françaises. Ici, ce sont des monstres, sortes d'hybrides entre des mouches normales, des moustiques et des pirahnnas. A tel point que nous pouvions acheter des masques anti-mouche. Nous avons lutté pour ne pas en acheter parce que c'est franchement affreux et que les gens ont l'air carrément ridicules avec ça, mais qui sait, peut-être avons nous craqué par la suite... ? Wait and see...
Enfin, on a beau être dans un quasi-désert, ne pas avoir de végétation et avoir dans les 40° la journée, nous n'avons pas pu emprunter la Oodnatta Track car elle était inondée à certains endroits. Il avait plu (le gars du visitor centre parlait de déluge) les jours d'avant et certaines portions des pistes étaient coupées par des ruisseaux éphemères. Donc, Diego n'a pas pu faire son baptème de piste dans cet endroit, le pauvre...
La pluie des jours précédents nous a aussi empêchés d'aller voir aussi la moon plain qui ressemble à un paysage de Mars. Bref, deux jours après on a repris la route direction Uluru.